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Le cinéma sénégalais : un film dont le scénario exclu l’acteur principal

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La dernière décennie a vu des pôles de production éclorent de part et d’autre du vieux continent. Outre Nollywood qui est le leader incontesté de la production cinématographique en Afrique, d’autres groupes se forment progressivement au Ghana, au Burkina Faso, au Sénégal, etc. En Afrique francophone, les productions sénégalaises ont réussi le pari de faire tâche d’huile à l’échelle mondiale. Dernièrement les séries comme maîtresse d’un homme marié, Golden ou Sohko & Mangane ont obtenu un succès retentissant. Et les chaines You Tube des maisons de production sont les plus regardées d’Afrique de l’Ouest.

Cependant, les principaux personnages de cette belle idylle entre le cinéma sénégalais et le public ne sont pas contents. Il s’agit des acteurs. Si une grosse équipe travaille dans l’ombre pour concevoir le script et le scénario, ce que les téléspectateurs perçoivent d’abord à l’écran c’est le jeu de l’acteur. Sa voix est utilisée pour passer le message, son corps est utilisé pour tourner les actions, ses yeux sont utilisés pour pleurer… Mais tous les enfants du 7ème art sénégalais sont contents sauf l’enfant baptisé acteur.

Mais qui sont les enfants contents ?

Les maisons de production

Lors d’un point de presse donné il y a quelques temps, le FOPICA annonçait que le gouvernement sénégalais envisage de doubler l’enveloppe réservée à la production des films et séries au Sénégal. Les producteurs et réalisateurs ont jubilés. Normal, parce qu’ils perçoivent l’argent et la plupart des lauriers. En plus ils ont la reconnaissance de l’État.

L’Etat Sénégalais lui-même

Le cinéma a hissé le pays au sommet du 7ème art en Afrique. Ainsi, il vend la destination Sénégal. Les couleurs du pays sont désormais connues par la plupart des cinéphiles dans le monde grâce au Cinéma. Le Sénégal est représenté aux grands festivals africains et internationaux comme le FESPACO, les Sotigui Awards et bien d’autres, grâce à ses productions cinématographiques.

Les sénégalais

Les sénégalais éprouvent un sentiment de fierté quand ils regardent la qualité des films et séries produits dans leurs pays. Ils sont fiers du fait que leurs pays soit connu sur le continent et dans le monde grâce au Cinéma. Ils regardent les acteurs, leurs prestances, leur talents et ils en font désormais des modèles. Cependant, les acteurs et actrices ne sont pas contents.

Le mal-être des acteurs sénégalais

L’acting sénégalais est très apprécié par les téléspectateurs. Du comique au tragique, ces acteurs affichent un penchant versatile qui ne cesse pas d’impressionner ceux qui regardent. Tout le monde pensait qu’ils se portaient bien, que ça roulait pour ces étoiles, jusqu’au jour où Halima Gadji, personnage principal de la série sénégalaise Maîtresse d’un homme marié, annonce son départ de la série. Elle a claqué la porte de la maison de production et donc n’a pas participé à la saison 3. La série en a d’ailleurs fait les frais car son intérêt auprès des téléspectateurs a largement diminué.

«Pourquoi ?», c’est la question qui était sur toutes les lèvres. Et les réponses n’ont pas tardé à se faire connaître. Car à sa suite, son frère Kader Gadji qui y incarnait le rôle de Birame a fait un coup de gueule dans lequel il annonçait son retrait temporaire de la scène du cinéma. Pour cause, les acteurs sénégalais ne sont ni respectés, ni considérés ; ils ne peuvent pas vivre de leur art, explique-t-il dans une sortie sur les réseaux sociaux.

 

A LIRE : COUP DE GUEULE DE L’ACTEUR KADER GADJI À L’ETAT ET AUX MAISONS DE PRODUCTION SÉNÉGALAISES

Il y a quelques jours, c’était au tour d’Assane Thiam, vainqueur des Sotigui Awards (festival de notoriété continentale), d’exprimer son désarroi dans un post sur Facebook. Il a posté les photos de ses collègues camerounais, vainqueurs du même prix que lui. Ceux-ci ont été reconnus et célébrés dans leurs pays par les autorités en place et ont été reçus par le ministre de la culture en personne. Pourtant, les autorités sénégalaises ont joué les sourds et les aveugles par rapport au sacre d’Assane Thiam.  «Un pays où l’acteur n’est pas traité à sa juste valeur. Un pays où un acteur primé ne reçoit même pas les félicitations du ministère de la culture» écrit-il en y posant un émoticône de pleurs.

C’est dire à quel point l’acteur sénégalais est banalisé dans la chaîne du 7ème art au pays de la Téranga. Ces sorties répétées ne sont visiblement que la pointe de l’iceberg, car beaucoup d’acteurs ont décidé d’opter pour le mutisme. L’État et les maisons de production sont pointés du doigt. Le temps est arrivé pour chacun de prendre ses responsabilités s’ils envisagent de tutoyer les grandes niches du cinéma africain et mondial comme Hollywood, Nollywood, etc. Et cela sera uniquement possible si on «donne à César ce qui appartient à César».

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